Le principe de la cocréation du MOOC Agropunk
rédigé par maitr Jacq
Pour les vacances d’été 2023, Agropunk s’attèle à l’élaboration d’un CLOT (en anglais MOOC).
Globalement, l’objectif de celui-ci est d’insuffler aux participants une mentalité d’artisan-pionner de l’intelligence collective, et de l’engager dans la lutte contre la précarité alimentaire.
Or, la première étape de cette lutte est la conception d’un MOOC qui permettrait à un maximum de monde de s’engager dans la lutte…
Comme d’habitude avec Agropunk, on se lance sans vraiment maîtriser la chose. À suivre, donc.
D’abord éclairé·e, ensuite rebelle,
D’abord on cherche à savoir en profondeur de quoi on parle, ensuite on peut se permettre d’être critique envers la norme.
mais aussi curieux et solidaire,
La première partie du MOOC Agropunk (ou MOOC I) s’attaque au concept de système alimentaire durable, en cherchant à comprendre où on en est et où on va, comment on en est arrivé là, et pourquoi on n’arrive pas à en sortir.
Il faut s’attendre à une approche provocatoire, punk, bien entendu, mais aussi déstabilisante. Car le responsable d’ingénierie pédagogique (connu sous son pseudonyme Lo Tseu) n’hésitera pas à prendre le contrepied du raisonnement qu’il aura développé un peu avant. De fait, nous sommes là autant pour questionner les normalisations sociales que pour chasser nos propres préconceptions et autres raccourcis.
En parlant de raccourci, nous aimerions aussi que le sage nous dise où il serait préférable d’aller. Mais il nous expliquera qu’il y a autant de lignes d’arrivée que de chemins qui ont mené aux points de départ, et que c’est pour cette raison qu’un seul individu ne peut pas connaître le meilleur trajet, et encore moins l’enseigner.
Il nous dira aussi que ce n’est plus un voyage tranquille, mais une course où soit tout le monde gagne, soit tout le monde perd.
Le MOOC I : les bases pour bien comprendre nous donnerons donc matière à penser (food for thought, pour rester dans le thème alimentaire) mais pas de produits finis. À nous de faire notre sauce.
et surtout déterminé et humble.
La deuxième partie du MOOC proposera une séquence de 24 cours qui nous conduira progressivement à la maîtrise de l’art de la collaboration et de la cocréation.
Emporté·e·s par la pédagogie métaphorique de Lo Tseu, nous nous empresserons d’associer cet art de la collaboration à notre capacité de voyager ensemble (de courir donc) vers les lignes d’arrivée de chacun.
Et pourtant… vous apprendrez que d’une collaboration, quand elle est authentique et profonde (et elle le sera), émerge une intelligence collective. Celle-ci ne manquera pas de déplacer judicieusement les lignes d’arrivées de tous, là où on n’aurait jamais pu y penser (et nos dirigeants encore moins).
Le MOOC lui-même – nous dit alors Lo Tseu – est un tel cheminement.
Il est impossible de dire qui de nous est l’apprenant, ni où nous mène le déroulement pédagogique.
Pour ne pas nous perdre, nous nous fierons à une étoile, notre vision commune : il n’y a plus ni faim, ni malnutrition !
Le MOOC II : les clés de la cocréation nous engage dans une révision de notre manière de travailler ensemble, qui commence par notre écoute des autres, et débouche sur une nouvelle manière d’apprendre… et une nouvelle manière de créer un MOOC !
En fait, le but du MOOC sur la précarité alimentaire est de vous inciter à tout nous dire sur la précarité alimentaire.
Le MOOC I donne des bases de réflexion, et le MOOC II donne une recette pour apprendre des autres, qui est notre seule chance d’approcher la solution d’un problème si complexe.
La partie I suscite des réactions vives et nous fait prendre position, et la partie II nous aide à revoir naturellement nos positions en fonction de celles des autres.
La partie II va nous aider à améliorer constamment la partie I, l’objectif étant que cette partie I – notre base de réflexion – puisse refléter un maximum de positions, et pas seulement celle du responsable du MOOC, ni celle de la majorité !
Si le MOOC est réussi, les apprenants n’en finiront jamais d’être à la recherche de points de vue différents, à intégrer dans leur propre savoir.
Le MOOC III, quant à lui, suit la mise en œuvre du programme d’action d’Agropunk : mieux manger, mieux apprendre, et vice versa : les clés pour réussir les transitions. Il est à la fois un outil de suivi des activités et d’évaluation des résultats (sur le modèle du cadre logique), et une source d’illustrations et de leçons pour les parties I et II du MOOC.
Les occasions d’intervenir dans le MOOC seront nombreuses : forums intégrés, webinaires, etc. Mais la plus grande partie des débats se fera sur un forum indépendant : le Garage.
Le Garage sera le lieu de rencontre des Agropunks, qu’ils·elles suivent le MOOC ou non.
L’amélioration du MOOC ne sera par ailleurs qu’un sujet parmi d’autres. L’objectif final du forum étant la co-construction d’un développement durable (mais en commençant par l’objectif “faim zéro”, et en commençant par un MOOC qui permettra la collaboration de tous et toutes).
Les commentaires les plus judicieux seront intégrés d’une manière ou d’une autre dans le déroulement pédagogique. Ceci nous invite à souligner deux points importants :
- il ne s’agit pas d’un wiki, mais bien d’un programme de formation dirigé par un responsable pédagogique (qui pourra éventuellement devenir une commission) qui est garant de l’inclusion;
- la modération au sein des forums sera extrêmement sévère, voire partiale (cf. ci-après); ce sont notamment les cours du MOOC II qui fixent les règles.
Deux aspects novateurs diffèrent encore le MOOC et le forum Agropunk des autres offres : ils sont conçus est orchestrés par un bénéficiaire de l’aide alimentaire, et ils privilégient expressément les apprenants et collaborateurs issus des classes dites modestes.
Nous notons que pour ce qui ressort de la précarité, en l’occurrence de la précarité alimentaire, ce sont de fait celles et ceux qui en souffrent qui en ont le plus de connaissances, indispensables à son éradication durable.
C’est donc une situation idéale que celle d’avoir une connaissance intime des deux côtés de la fracture sociale, connaissance qui s’applique – en outre – autant à l’échelle internationale qu’à l’échelle locale française.
Il faut tout de même en convaincre les différentes parties, et l’expérience montre que c’est loin d’être facile : au lieu d’être fédérateur, le statut d’hybride social met tout le monde mal à l’aise.
Reste la pédagogie, et qu’on soit ingénieur ou bénéficiaire des minimas sociaux, la pédagogie ne s’improvise pas !
Bien évidemment, les compétences du responsable du MOOC ont été formellement consolidées, là n’est pas la question.
Le challenge d’Agropunk se complexifie dès lors que l’on considère le manque d’efficacité de la formation continue dans sa forme actuelle et surtout les inégalités d’accès.
Et ce sont justement celles et ceux que nous voulons faire intervenir qui ont le plus de blocage face à l’apprentissage (l’action d’apprendre).
Le travail d’Agropunk commence donc en amont du MOOC, avec des actions hors norme relevant d’une éducation populaire à double dessein : la sortie de la précarité (notamment avec une estime de soi retrouvée), l’accès à des savoirs essentiels.
Au final, une cohésion sociale, et un renouveau d’espoir en commun.
Ce dispositif n’est qu’une petite partie d’un stratagème complexe orchestré par l’association Agropunk, qui veut donner les moyens à chacun·e de retrouver le pouvoir et le plaisir d’agir, ensemble.
La faim, la pauvreté, les inégalités, les fractures sociales…
Aucune n’est une fatalité !
Rédigé par maitr Jacq
Maitr Jacq est l’animateur central du projet Agropunk et le garant de la vision commune de l’ensemble des collaborateurs.
Il se définit comme un entrepreneur social humanitaire multitâche au service de la co-création de systèmes alimentaires durables.
Son hobby : pulvériser la culture du cloisonnement des métiers !